Quand la troupe Troupuscule joue Morphine Les élèves de 1ère G1 et G2 se sont rendus, respectivement, le jeudi 25 avril et le vendredi 26 avril 2024, au Théâtre aux croisements afin d'assister à la représentation de la pièce Morphine, créée par la troupe Troupuscule, adaptation théâtrale très réussie de deux récits autobiographiques de Boulgakov, grand auteur russe : Morphine et Carnets d'un jeune médecin. La pièce met en scène un jeune médecin tout juste diplômé, parachuté dans un hôpital de campagne et qui prend vite conscience des difficultés de son métier. Après plusieurs semaines de pratique intense, d'opérations sanguinolentes, d'angoisse et de fatigue abyssale, à bout de nerf et gémissant de douleur, il teste sur lui la morphine destinée à ses patients. Très rapidement, il en devient totalement dépendant et sombre fatalement dans une sorte de folie, mêlée d'hallucinations et de souffrances. La pièce, comme les récits de Boulgakov, use de deux personnages, permettant de jouer deux facettes complexes d'une même personnalité en butte à la toxicomanie, vivant alors une véritable torture physique, morale, mentale. Dans la pièce, la métamorphose ou ce que l'on appelle la dissociation du jeune médecin est étonnante et saisissante de justesse, grâce au jeu des deux merveilleux acteurs Brice Cousin et Paul Tilmont.
Après 1h15 de jeu, après leurs applaudissements, les élèves ont pu échanger sur cette création. Mariane Lézin, metteuse en scène, a eu envie de monter ce spectacle car, selon elle, le théâtre doit aborder les sujets qui fâchent , de montrer et dénoncer les problèmes sociétaux, comme ici l'addiction, sujet qu'elle a pu malheureusement connaître autour d'elle. Elle le dit bien : on a beau être et se sentir fort (comme l'est en apparence l'acteur Brice Cousin), être alcoolique ou encore toxicomane amène à la souffrance, la déchéance, la solitude, souvent à la mort.
Enseignante dans un lycée à Perpignan, faire aborder le genre théâtral, donc le spectacle vivant, à des adolescents autour de ce sujet, me paraissait indispensable. Le résultat fut à la hauteur de mes attentes. Tout était brillamment créé, mis en scène, et surtout interprété. Les élèves furent aussi conquis. Entre comique, burlesque, fantastique, pathétique et tragique, nous avons déambulé dans le corps, l'esprit, le monde infernal du morphinomane. Cette expérience théâtrale fut incroyable, parfois éprouvante mais pleine de vérité.
Encore BRAVO à la troupe, avec laquelle nous espérons travailler durant l'année scolaire 2024-2025. BRAVO aux élèves, qui ont été de bons spectateurs ! Merci à Gaëlle Delattre et Stéphanie Bœuf de nous avoir accompagnés !
Dorine Stoëhr, professeur de lettres
